Le Serviteur de Dieu Antoine Kowalczyck
Oblat de Marie Immaculée
Fête le 10 juillet
OMI
Dziersanow, Pologne, 4 juin 1866 † Edmonton 10 juillet 1947
D’origine polonaise et issu d’une famille chrétienne, il rejoignit les Oblats à 24 ans comme religieux frère et, six ans plus tard, sembarqua pour l’Ouest canadien où il travailla pendant cinquante ans dans diverses fonctions au sein de sa communauté.
Antoine naît à Dziersanow, Pologne, le 4 juin 1866, dans une famille nombreuse et pauvre, mais très croyante. Il est baptisé au sanctuaire marial de Lutogniew ; cette attention de Marie n’est que la première d’une série de grâces qu’elle lui prodiguera tout au long de sa vie. En raison des ennuis suscités aux catholiques, il se prépare en clandestinité à sa première communion. Surgissent alors en lui les plus grands desseins de perfection. Intelligent et débrouillard, il doit commencer à travailler dès l’âge de 13 ans, pour aider sa famille, au détriment de ses études. À 16 ans, il devient apprenti forgeron ; compréhensif, son patron non catholique le laisse vivre selon ses croyances. Maître en son métier, Antoine émigre à Hambourg, Allemagne, où, à 24 ans, il reçoit le sacrement de confirmation. Dans un grand établissement sidérurgique, il affronte les moqueries et les sarcasmes des ouvriers. Déménagé à Cologne, il prend pension chez une fervente catholique qui l’accompagne chaque matin à la messe de 5h30, et lui suggère de se joindre aux Oblats. Se croyant trop vieux (24 ans) pour étudier, il s’offre comme frère et est accepté. Il fait son noviciat à Saint-Gerlach, Hollande. Sa première obédience, en 1892, l’envoie au juniorat de Saint-Charles, Hollande, homme à tout faire. Il y passe quatre ans.
À plusieurs reprises, Antoine se porte volontaire pour les missions. En 1895, il passe à un cheveu près de partir pour le Ceylan. Même que sa valise est faite ! À trois jours du départ, tout est annulé ! L’année suivante, le père Cassien Augier, supérieur général, en partance pour le Canada lemmène avec lui. Antoine s’en va à Lac-la-Biche, Alberta, mécanicien d’un moulin à scie. Passant à Québec, puis à Montréal, il atteint Edmonton. De là, un long convoi de voitures à cheval prend onze jours pour rejoindre Lac-la-Biche, à 300 kilomètres au Nord. Le 15 juillet 1897, le frère est victime d’un accident : bras droit cassé, main déchiquetée. À son arrivée à l’hôpital général d’Edmonton, après un voyage ininterrompu de six jours, la gangrène avancée commande l’amputation immédiate. À court d’anesthésiste, l’opération se fera à froid. Comme on s’apprête à l’attacher pour l’immobiliser, il intervient : « Pas nécessaire : donnez-moi mon crucifix. » Il aura tôt fait de récupérer et de reprendre son travail.
Après un stage de 14 ans (1897-1911) à Saint-Paul-des-Métis, où il est à la fois ingénieur-mécanicien, jardinier et dépanneur universel, il arrive à Edmonton où, durant 36 ans, il édifiera dans tous les sens du mot. Au juniorat Saint-Jean, sa responsabilité couvre tous les domaines de l’institution. Son attitude simple et joviale symbolise l’idéal surnaturel que les jeunes peuvent poursuivre. Pas question de vacances pour lui, ni de retour dans sa Pologne bien-aimée, par sacrifice. Il marche les yeux modestement baissés, le chapelet à la main. Sa vie s’égrène en présence de Dieu ; aucun travail ne semble interrompre sa prière. Quand il n’est pas requis pour une quelconque corvée, on le retrouve à son poste d’orant, bien droit, jamais adossé à son banc. Le Jeudi saint, il demande le privilège de passer la nuit devant le Saint-Sacrement. Le dimanche, il s’abîme en prière, sautant les repas. Sa relation à la Vierge Marie est une longue histoire d’amour. L’aube le surprend en prière près de l’autel de Marie. Quand il passe devant sa statue, il marche de côté, pour éviter de lui tourner le dos. Il quête pour bâtir une grotte à Notre-Dame de Lourdes, dans la cour du juniorat. Il y passera des heures interminables, et récitera le chapelet avec les élèves.
Modèle de piété, de dévouement et d’obéissance, le frère Antoine a pratiqué à un degré éminent les vertus de foi, de charité, d’humilité et de pauvreté ; respectueux de toute autorité et déférent envers les prêtres. Sa cellule est un coin minable du sous-sol : plancher de ciment, murs dénudés, petite table en bois. Sa lingerie se limite au strict nécessaire. Il utilise les hardes abandonnées par d’autres. Son entourage manifeste une grande confiance en son pouvoir d’intercession ; il exhorte ses demandeurs à prier eux-mêmes. On l’a surnommé Frère Avé ! Les archives renferment une liasse impressionnante de faveurs obtenues de son vivant, humainement inexplicables.
Victime de paralysie, le frère Antoine décède à Edmonton, le 10 juillet 1947, à l’âge de 81 ans. Il est inhumé dans le cimetière oblat de Saint-Albert, Alberta. Les gens viennent prier sur sa tombe, y déposant intentions, objets de piété, etc. Introduite à Rome depuis 1952, la cause de sa béatification atteste que la sainteté que le frère manifestait avec grande modestie est déjà admise par un grand nombre de personnes. En septembre 1969, le cardinal Karol Wojtyla, archevêque de Krakow, Pologne, qui allait devenir le pape Jean-Paul II, est allé prier sur la tombe de son saint compatriote, à Saint-Albert. « L’héroïcité de sa vertu transparaît dans un rayonnement spirituel, peut-être plus visible que certains miracles », disait Mgr Bernard Hubert, ancien évêque de Saint-Jean-Longueuil.