Les Martyrs de la Révolution Française : Claude RICHARD (3)

Par Maurice POTIER, janvier 2010

Les prêtres de Lorraine, et en particulier de Nancy, passent par Poitiers de sinistre mémoire. Ils tentent de récupérer ce que les autorités leur avaient confisqué, sans résultat, bien entendu. Tous se souviennent des endroits où ils ont été correctement accueillis, mais surtout de ceux où ils ont été mal reçus et molestés. Ayant perdu l’habitude de marcher, leurs pieds écorchés saignent et ils ne peuvent dormir, la faim est grande car le pain est rare et très cher. Les retours difficiles sont surtout pénibles pour les isolés, dans un groupe, on se soutient et le courage se retrouve quand ils traversent un village qui les accueille avec aide et gentillesse.

C’est une fois rentrés au pays que la vie sera dure, car avec  la Terreur, beaucoup d’êtres ont disparu, les biens ont été vendus. Ce sera encore la misère jusqu’au Concordat en 1803.

La  Béatification

Le consulat renoue les relations avec Rome, mais, silence total sur cette persécution !! L’histoire de la béatification des déportés des pontons sera longue et difficile. Mais rien de commun avec les délais de la béatification de Jeanne d’Arc, soi-disant brulée sur les ordres d’un évêque (voir JEHANNE de Jean de Saint Jean, 1957). En 1822, échoue le projet d’élever un calvaire à l’ile d’Aix à la mémoire des martyrs, puis, c’est l’oubli pendant de nombreuses années. En 1843, long poème en latin sur la mort glorieuse des prêtres sur les pontons. En 1906… Eh oui !! l’évêque de La Rochelle crée une œuvre diocésaine pour la vénération des martyrs des pontons et ouvre un procès informatif pour la béatification et entreprend la collecte de tous les documents possibles.

En  1918 paraît le martyrologe de la déportation, comportant  590  biographies de prêtres déportés. Le procès diocésain retenant 102 noms est clos en 1936 mais c’est le pèlerinage régulier à l’Ile Madame et l’approche du 2e centenaire de la révolution française qui firent faire des progrès décisifs.  En  1989, le dossier du procès canonique fut repris. La POSITIO décida de ne conserver que 64 dossiers (Voir à ce sujet l’étude de l’Abbé Yves BLOMME : Les  Prêtres Déportés sur les Pontons de Rochefort Ed. Bordessoules 1994 : 170 pages d’explications et de récits détaillés sur cette terrible aventure.)

Il ne restait plus, après que la POSITIO ait été examinée et approuvée par la congrégation Romaine, qu’à promulguer la béatification et à en fixer la date : le 1er octobre 1995.

C’est donc le Dimanche  1er octobre 1995 qu’eut lieu la béatification, place St-Pierre à Rome, de 64  prêtres martyrs, victimes de la cruauté antireligieuse pendant la Révolution française (1789-1799). À cette occasion, l’image de l’île Madame fut suspendue aux fenêtres de la basilique de Rome. Le diocèse de Verdun eut  4 béatifiés, le diocèse de Nancy eut 6 béatifiés , dont Claude  RICHARD, ce Lérouvillois  pour lequel j’ai rassemblé ces quelques informations.

Tout lecteur sera certainement surpris de constater que la Meuse qui a eu 121 prêtres déportés dont 88 sont morts, n’a que 4 béatifiés, alors que certains diocèses tels celui de Limoges par exemple, en a 18 pour 89 déportés et 57 décès. Dans la Meuse, nous dit-on, les documents d’archives étaient très incomplets ou inexistants (a) sur la vie et les œuvres de la plupart des victimes, ceci dit, le nombre des prêtres morts saintement et méritant respect et admiration dépasse certainement le nombre de cinq, avec C. Richard, pour le diocèse de Verdun. (a) « Chacun sait qu’un meusien ça n’est pas très dégourdi, ça ne sait pas s’exprimer, et moi, plus que tout autre, puisque Lerouvillois depuis le 2 Avril 1931. »

La vie, la personnalité et la mort des cinq bienheureux meusiens ont fait l’objet d’un dossier dont  je tirerai, en les parcourant, les faits intéressants pour le goujon lérouvillois que je suis.

Nicolas  TABOUILLOT

Né le 16 Février 1745 à Bar-le-Duc, ordonné en 1769, nommé curé de MELIGNY-le-GRAND en 1782. Serment à la constitution 23 janvier 1791, avec restriction. (Les documents concernant cet homme sont assez nombreux et bien ordonnés : pourtant, c’était un meusien !)

Claude  RICHARD

Il ne fut pas déporté depuis Bar-le-Duc et certaines pièces de son dossier sont référencées en M&M  en bas de la page suivante. Voici  donc ce que j’ai pu apprendre sur cet homme :

Claude  Richard est né le 19 mai 1741. Il fut baptisé dix jours plus tard, le 29, à Lérouville, dans la Meuse. Ce délai de dix jours est rare à cette époque. Son père se prénommait Jean et sa mère s’appelait Marie JOUBERT.

Il entra dans l’ordre bénédictin. C’est le 12 Mai 1760 qu’il fit sa profession religieuse à l’abbaye  St-Hidulphe de Moyenmoutiers (24). Cependant, selon des déclarations faites au moment de la révolution, cette profession aurait eu lieu le 12 Juin (25).

En 1783, nous le trouvons vicaire à Ban-de-Sapt (Vosges) (26).

Il est sous-prieur du St-Mont en 1784 (27).

En 1787, il est à l’abbaye St-Léopold de Nancy, directeur des dames du St-Sacrement (28).

Quand arrive la révolution et la suppression des ordres monastiques, il opte pour la vie commune le 6 Janvier 1791 (29).

Guillon écrit  alors de lui :  « Il ne fit point le serment schismatique de 1791, et resta à Nancy pour l’utilité des âmes qu’il ‘dirigeoit’ dans les voies du salut » (30).

Il fut enfermé au couvent des tiercelins  le 26 novembre 1793, parce qu’il était insermenté (31).

C’est à ce titre qu’il fut inscrit sur la liste des prêtres déportables et remis aux mains des gendarmes pour être transféré à Rochefort (32).

Il est à Rochefort le 5 mai 1794 où il subit la fouille de rigueur (33).

Embarqué sur les DEUX-ASSOCIES, il meurt le  9  Août  1794. Il est enterré à l’ile d’AIX (34).

Voici  ce qu’écrit de lui Labiche de Reignefort :

« Ce pieux enfant de Saint Benoit était la douceur et la bonté personnifiées. Dans l’extrême pénurie d’infirmiers où nous laissait la mort de presque tous ceux qui avaient ce titre, il s’offrit généreusement, au plus fort de la contagion, pour remplir ce périlleux emploi, dont il s’acquittait avec beaucoup de succès et à la grande satisfaction des malades, parce qu’il avait le talent de s’insinuer dans les cœurs. Mais, trop faible pour résister à de pareilles fatigues, il fut emporté au bout de quelques semaines, après une agonie extrêmement  douloureuse et malheureusement beaucoup plus longue qu’on avait lieu de le craindre pour un homme déjà âgé, et dont toutes les humeurs paraissaient douces et calmes. » (35)

Acte  de  baptème  de  Claude  RICHARD

( A.M. Lérouville, Registres paroissiaux )

Claude, fils légitime de Jean Richard et de Marie  Joubert, son épouse, est né le dix-neuvième et a été baptisé le vingt-neuvième may  de l’année mil sept cent quarante et un. Il a eu pour parrain le sieur Claude Richard et marraine, Barbe Le Tisserand, femme à Joseph Goubert, de Wadonville. ( C’est écrit ainsi)

Et pour terminer, avant de dire à un lecteur éventuel, pourquoi je me suis intéressé à ce dossier, et aussi lui faire part de mes réflexions sur cette triste aventure, il convient de signaler qu’en 1994, au cours d’un pèlerinage à Rochefort , un Christ très ancien, très abimé pendant la révolution, a été offert par la paroisse de Lérouville  pour être déposé sur le monument élevé contre les remparts du port à la mémoire de ces malheureux déportés sur les pontons.

(Fait fin Décembre  2009, uniquement avec copie de documents déjà diffusés) M. P.

Vitrail de  l’église  de  LEROUVILLE (1936)

Pourquoi me suis-je intéressé à cette sordide histoire ? ?

Ainsi que j’ai du le dire ou laissé entendre plus avant dans ce récit , je suis né à Lérouville, il y a assez longtemps (Avril 1931) et y ai passé de longs moments de mon enfance . Ma grand-mère Ninie (Eugènie Mercier) née Richard à Lerouville, elle aussi, ( de RICHARD  Richard, né en 1841 et de Dusaux Marguerite née en 1855) a vécu dans ce village, de sa naissance le 17 mars 1882, à sa mort le27 mai 1971. Elle y exerça le métier de sage-femme pendant plus de quarante ans (Pour la petite histoire, elle racontait volontiers que le premier accouchement qu’elle pratiqua fut celui de la naissance d’Hubert fils d’Eugène Level le maire d’antan, lequel Hubert ne doit plus être très jeune aujourd’hui.)

Ma grand-mère, que j’appelais mémère, était super gentille avec moi, me racontait plein d’histoires : sa vie de jeune fille, de femme de poilu en 14-18 et aussi, celle d’un curé Richard qui avait été victime des révolutionnaires de 1789 Histoires que je suis très heureux d’avoir écoutées. La retraite venue, ceux qui me connaissent savent que je me suis passionné pour l’histoire du pays Mâconnais de mes étés mais aussi pour d’autres sujets, dont mes souvenirs de jeunesse. Et c’est  grâce à la grande amabilité et la gentillesse de Mgr MAUPU, l’Evêque de Verdun que j’ai pu  débuter les recherches sur ce très ancien tonton, Claude Richard. J’aurais aimé trouver plus. Les archives Mâconnaises furent sans aucun doute mieux tenues, et plus complètes que celles des meusiens Il est vrai que vous, les Meusiens, fûtes Français bien tardivement (OH !) Alors, maintenant que cette histoire que j’ai écrite pour Thomas et Olivier, mes petits fils est terminée, je vais me pencher avec plus de facilité sur un de leur ancêtre maternel qui fut l’entraineur d’un groupe de paysans révolutionnaires qui, le 28 juillet 1789 mit à sac deux châteaux de la région Tournugeoise. C’est quand même pas commun d’avoir pour ancêtres, à la même époque un grand voyou et un Saint QUI DIT MIEUX ?

 

(Après avoir lu une telle réponse à plusieurs lettres restées sans suite , ça devient difficile de rester poli et croyant)

Et pour en finir, Pourquoi ces drames affreux de la Révolution de  1789 ?

Ce ne sont, bien entendu, que mes suppositions, mais je les crois bien fondées :

Le 6 Février 1778, la France signe un traité d’amitié avec les Américains qui ont créé une armée fédérale en février 1775, dont le commandement fut confié à Georges Washington, afin d’expulser tous les venimeux reptiles de Grande-Bretagne. (L’Amérique du Nord 1760-1867 – Université du Québec 1968). En octobre 1779, après l’échec de ses troupes devant Savannah ,Washington déclarait : « SI NOUS N’AVONS PAS L’ARGENT ET LES SOLDATS DE FRANCE , NOTRE CAUSE EST PERDUE . » Les désertions et les mutineries touchent alors un bon tiers de la « continental  army ».

Début 1780, le Roi Louis XVI, sur les instances de La Fayette, de Baumarchais et de Vergennes son ministre des affaires étrangères décide d’envoyer une armée sur le continent américain. Et le 2 Mai 1780 l’escadre de Ternay quitte nos côtes avec l’armée de Rochambeau forte de quatre régiments (Le Saintonge – le Bourbonnais – le Royal-deux-Ponts et le Soissonnais) de cavaliers, d’artilleurs avec leurs canons soit plus de 13.OOO hommes embarqués sur 7 frégates, 7 vaisseaux et près de 50 transports. Ces  troupes arrivent le 11 juillet à New-Port (70 jours de traversée !) Les Français participent à tous les combats contre l’Anglais avec parfois des pertes énormes. Le 22 Mars 1781, l’Amiral De Grasse part avec son escadre pour l’Amérique, et le 5 Septembre, arrivée à marche forcée des américains et des Français, à la baie de Chesapeake. Le 7-8 septembre, Français et Américains encerclent les Anglais dans YORKTOWN ET

Cette extraordinaire odyssée de nos anciens, leurs souffrances, leurs joies, tout cela est assez peu évoqué, pourtant c’est une aventure formidable pour l’époque. Alors le zozo que je suis a voulu en savoir plus , et ce qu’a découvert Zozo, est assez ahurissant. Voici donc quelle fut la direction des recherches entreprises ,et ses découvertes ,dont certaines, très surprenantes.

La fréquentation assidue des bibliothèques entraine parfois le lecteur dans des aventures imprévues. La bibliothèque de Tournus (71) est d’une richesse extraordinaire notamment avec les écrits diffusés par la SAAST (Sté des Amis des Arts et des Sciences de Tournus). C’est en lisant le TOME XVII  écrit en 1917 par A. Bernard « Les Tournusiens et la guerre d’indépendance américaine » ,que j’ai dégoté  la référence d’un ouvrage sensationnel, très ancien, et que j’ai attrapé cette envie de chercher, moi aussi ! J’ai donc pu trouver :

  • « Ceux du Mâconnais » publié par PAYS MACONNAIS TERRE DE MEMOIRE, en mars 2003 ;
  • « Ceux de Saône et Loire », publié par le N° 102, Deuxième semestre 2004, de la revue des sociétés généalogiques de Bourgogne. (74 communes : 159 hommes dont 31 tués soit 19,50 %) ;
  • « Ceux de Meuse » publié par Revue Lorraine Populaire N° 190 – Juin 2006. ( 85 communes : 134 hommes 31 tués dont un goujon Lerouvillois  En service au Rgt du Soissonnais, Cie des FORETS : MEUNIER Nicolas né en 1748, en service le 03-05-1767 Tué à NEWPORT le 19 Avril 1781)  Mais qui a déjà évoqué ce héros au village ?

Toutes ces recherches m’ont amené à la découverte des renseignements notés ci-dessous (Mes déductions choqueront certains lecteurs, mais, c’est moi qui écrit !!)

Sans l’intervention de ce brave Lerouvillois, Nicolas MEUNIER et de ses 39.999 camarades, nos détracteurs américains d’aujourd’hui, auraient-ils pu acquérir aussi tôt leur indépendance ? Page 51 de l’histoire du Canada « l’Amérique du Nord Britannique – 1760-1867 », on peut lire ceci : « La participation de la France à la guerre d’indépendance américaine, y compris les dons en argent et les prêts sans intérêts Jamais remboursés, fut évaluée en 1926 à plus d’un milliard de dollars ». Les auteurs de cette étude avancent l’idée que les évènements de 1789 ,en France n’auraient pas eu une telle ampleur, si la grande misère d’alors avait pu être réduite avec tout cet argent donné par LOUIS XVI à l’indépendance américaine.

Une sérieuse lecture de la chronique de la révolution, très énorme bouquin de LAROUSSE m’a donné l’occasion de vérifier que les Canadiens ci-dessus cités sont, hélas, bien en dessous de la réalité.  Voici quelques extraits de l’histoire de Larousse pour confirmer :

  • Paris,27 octobre 1789 Le remboursement de la dette serait évidemment fort apprécié. Necker n’a pas hésité à organiser un diner chez lui, avec Morris ,homme d’affaires et ami de Georges Washington. Il veut négocier avec lui le remboursement des 24 millions que l’Amérique doit à la France. Morris s’est refusé à s’engager sur un remboursement de 10 millions chaque année et sur trois ans. Peut-être parviendra-t-il à obtenir 300.000 par mois à partir de janvier. La banqueroute menace la nation française.
  • Philadelphie, 25 février 1793 Le Pdt Washington se range à l’avis de Jefferson et décide le  remboursement progressif de la dette américaine à la France. Et le 22 Avril, les États-Unis proclament leur neutralité dans le conflit franco-anglais. Bien que d’après le traité de 1778, son pays doive aide et assistance à la France, G Washington craint de s’engager dans une aventure à l’issue incertaine. L’Amérique a désapprouvé l’exécution de Louis XVI et observe avec inquiétude les violences récentes, seul T. Jefferson prône l’interventionnisme.
  • Philadelphie, 18 Juin 1793 Menace sur l’amitié franco-américaine Le torchon brûle entre Paris et Philadelphie. Tout a commencé à se gâter, en février, quand Tenant, l’ambassadeur de France a demandé le remboursement immédiat de la dette américaine, soit la somme considérable de 554.500 dollars. Devant le refus catégorique de Hamilton, secrétaire au trésor, Jefferson avait proposé un remboursement progressif, mais Genêt, qui avait entre temps succédé à Tenant comme ambassadeur de France a catégoriquement refusé ce compromis, Jefferson n’a pas obtenu l’accord de Washington pour un remboursement en une seule fois, et il vient d’annoncer officiellement que l’Amérique n’honorerait que 20% de sa dette, pas un dollar de plus. Chacun attend maintenant avec anxiété, la réaction du gouvernement français. On peut d’ores et déjà supposer que cette nouvelle ne le satisfera guère.
  • Paris 15 Août 1794 Le nouvel ambassadeur James Monroé remet ses lettres de créance. Les américains n’approuvent pas la manière dont évolue la révolution française.
  • Paris, Février 1796 Quatre tapisseries partent pour l’Amérique : le gouvernement a besoin d’argent. De plus, ces toiles se trouvent entachées de plusieurs signes de féodalité.
  • Philadelphie 10 Ventose an IV (29.02.1796) En adoptant officiellement le traité de commerce signé avec les anglais en novembre 1794, les États-Unis prennent le risque d’une crise grave des relations avec la France.
  • Philadelphie mai 1796 VOLNEY, l’historien, sac au dos, canne à la main, chapeau sur la tête se lance sur la piste de Baltimore, muni d’une lettre de recommandation de Jefferson, et après un voyage d’un an, il achève son tour d’Amérique le 10 décembre et sera content de rentrer : « Le nouveau monde n’est pas meilleur que l’ancien ». Le 30 décembre 1796, Monroé est rappelé à Philadelphie, accusé de sacrifier les intérêts de son pays. Plus les relations franco-américaines se dégradaient, plus Monroé voyait son crédit  baisser auprès de Washington. Au grand regret du gouvernement français, il vient d’être suspendu de ses fonctions.
  • Paris, 2 Mars 1797 (12 ventose an V ) Le directoire autorise les navires de guerre et les corsaires à visiter et à saisir les bâtiments neutres, américains surtout.
  • Paris, 4 mars 1797 John Adams succède à Washington à la présidence des États-Unis. Hostile, il arrive au pouvoir au moment où les relations France-Amérique sont de plus en plus tendues.
  • Lorient , 7 avril 1797 Un navire américain, hors la loi, confisqué Le HOPE a été confisqué avec sa cargaison. Le différend juridique s’aggrave. Un article du code maritime de 1778 exige que le rôle (Liste des marins qui composent l’équipage du navire) figure dans les documents de bord, afin de vérifier la nationalité des marins, or le capitaine du Hope ne s’y était pas soumis.
  • Philadelphie, 2 mai 1797 Volney accusé d’espionnage. Venu pour un simple voyage d’étude, il s’est attiré les soupçons de l’opinion américaine du simple fait qu’il est Français, et de plus, l’ami de Talleyrand. L’Amérique intente un procès à la France par la bouche de son impulsif président John Adams, ce pays qui est, à ses yeux, incapable d’accéder à la liberté. Devant l’hostilité croissante et faute de pouvoir se disculper, Volney songe à repartir. Il est d’ailleurs déçu par cette terre qu’il avait abordée dans l’espoir d’y trouver la vraie liberté. C’est ce qu’il écrit à un ami.
  • Philadelphie 7 Juillet 1798 Le congrès américain abroge tous les traités signés avec la France depuis l’indépendance ( ET décide de l’expulsion de tous les Français) La tension monte entre les deux pays. Le congrès américain abroge unilatéralement tous les traités avec la France, depuis l’indépendance et décide l’expulsion de tous les Français. Mesures qui font suite à une longue listes d’agressions contre le gouvernement français. Dès Juin, le congrès avait dévoilé ses intentions en autorisant les navires de commerce à s’armer contre les navires français. Dans le même temps, une loi impose 14 ans de résidence pour devenir américain, mesure visant surtout les français. A Paris, on voit mal ce qui pourrait améliorer les relations,  on s’interroge !
  • BORDEAUX, 30 Décembre 1799 La France libère ses détenus Le consul BARNET est débordé Paris et Philadelphie ayant renoué des relations normales, la ‘guerre’ est enfin terminée. Les Français ont donc libéré tous les Américains qui avaient été emprisonnés pendant la période de tension entre les deux pays et Barnet se retrouve avec deux cents de ses compatriotes à sa charge. Lourde tâche en perspective : il doit les loger, les nourrir, les rassurer sur leur sort ,et surtout, les renvoyer chez eux dans les meilleurs délais. Barnet en viendrait presque à souhaiter que les relations en soient restées là où elles étaient.
  • RAMBOUILLET, 23  Mars  1810 NAPOLEON signa un décret, en vertu duquel, la marine française s’empara de bateaux américains d’une valeur de cinquante millions de francs. Napoléon, furieux des prétendues sympathies des Etats-Unis avec l’Angleterre, (et de la dette américaine jamais remboursée) ne faisait que riposter à une menace d’action  semblable. (LAMARTINE  et les Etats-Unis Annales académie de Macon)

Quelle déception pour les acteurs de cet immense exploit du  XVIIIème siècle, sans l’intervention desquels les américains auraient certainement dû attendre encore bien  longtemps avant d’acquérir l’indépendance.

Qui a jamais évoqué le souvenir, la mémoire, de ces milliers de jeunes héros, morts pour la liberté des autres et qui finirent comme engrais du sol américain ou en crottes de requins dans les océans du bout du monde ? ?

La révolution de 1789 était nécessaire et bienvenue, il est vrai qu’à cette époque, le pouvoir, les biens matériels étaient la chose des curés et de la noblesse, mais cette ‘révolution’ aurait-elle été si violente, si inhumaine si LOUIS XVI avait pu venir au secours des malheureux avec tout cet argent, le nôtre, dépensé pour un peuple si peu reconnaissant. En plus de cette ruine totale, le temps se mit de la partie : Un froid intense, plusieurs années consécutives entraina des récoltes nettement insuffisantes et le Roi Louis  XVI ,qui autorisa toutes les dépenses fut déclaré  coupable de tous les maux (Comme Sarko de nos jours ). Si nous avions alors été un peu plus à même de satisfaire ne serait-ce qu’une partie des misères d’alors, crois tu lecteur, qu’il il y aurait eu ces milliers de victimes des révolutionnaires, dont tous ces curés de mon histoire ? Alors ai-je tord de penser qu’on a eu à faire à des Cons ??

Voilà, j’ai terminé, nous sommes le 4 Janvier 2010, et il est 14 Heures.

Maurice  POTIER , le vieux de Lérouville.

Voici la conclusion de mon étude sur la Révolution en Mâconnais : page 222… étude terminée le 24  Mars 2006, mais  ce jour là je ne pensais pas que je me pencherais sur ce Claude de Lerouville.

Si, de 1776 à 1782, le Roi  LOUIS  XVI, Vergennes son ministre des finances, Beaumarchais l’illustre et des dizaines de milliers d’autres étaient allés à la pèche ou courir les filles, au lieu de totalement ruiner la France en apportant toutes les aides possibles au peuple ingrat d’un autre continent pour sa conquête de la liberté, il est évident que la plupart des évènements de cette « ANNEE SANS PAREILLE » (a) n’auraient pas atteint les sommets d’une telle cruauté.

Les sommes considérables, si bêtement dépensées auraient alors pu être utilisées pour calmer la terrible misère du peuple de cette époque (J’ai noté qu’en Mâconnais, pays pourtant prospère, le pays souffre des dégradations profondes des activités rurales : état des terres et des récoltes, 1612-1613-1680-1699 sont des années de disette, suite à des récoltes médiocres, le 6 Janvier 1709, sur les quatre heures du soir, il s’éleva une bise si forte qui causa un froid si cuisant, que la terre trempée par les pluies continuelles fut gelée en 24 heures de plus de 3 pieds de profondeur, et que tous les arbres sauf les pruniers furent détruits. Le seigle et le froment semés sont gelés. Les décès dépassent de beaucoup les naissances, on trouve dans de nombreux registres de sépultures, la mention de trois ou quatre membres d’une même famille. Conjoncture  économique et sociale désastreuse : pain, foin, viande, bois, rares et chers, pluies torrentielles en avril, sécheresse l’été, gel prolongé l’hiver 1788/1789, bloquant moulins et charrois, la famine menace, les enfants sont abandonnés en grand nombre.

On peut donc affirmer que c’est par la faute des ricains que tant de gens, dont un Roi et une Reine furent guillotinés.

Et puis, il y a nos pauvres profs d’histoire obligés depuis ce temps là d’ingurgiter, et de tenter de faire comprendre ce plantureux méli-mélo historique à leurs élèves presque aussi surhumain que le CPE rendez vous compte de la fatigue, des soucis ! ! !

(a) « l’ANNEE sans PAREILLE. » est le titre de mes 248 pages sur l’examen de la révolution en Mâconnais.